Qui aurait cru que Snapchat pourrait représenter une arme pour dénoncer les abus sexuels ? Yusuf Omar, un journaliste chargé de recueillir les témoignages de femmes indiennes violées, a su user à (très) bon escient des filtres de l’application au fantôme blanc.
Dans le cadre d’un documentaire pour le Hindustan Times le 27 juin dernier, le journaliste a mis en ligne une vidéo captivante sur le compte Facebook du quotidien anglophone. En reportage dans une association qui vient en aide aux femmes victimes de viols, basée dans la ville indienne de Mysore, Yusuf Omar a eu recours aux filtres Snapchat pour donner la parole à ces femmes habituellement condamnées au silence. Le documentaire en question a déjà été visionné plus de 163.000 fois :
Grâce à cette ruse, les femmes victimes d’abus sexuels ont pu s’exprimer librement et anonymement, sans exposer leur visage et mettre leur vie en péril. Au total, des dizaines de jeunes femmes – la plupart mineures – ont pu poser des mots sur leur agression sans se soucier des représailles. Une initiative intelligente et percutante, à l’heure où le viol est encore un sujet tabou en Inde.
“S’enregistrer avec un filtre leur a donné une impression de légitimité et de sécurité en ce que je n’allais pas pouvoir montrer leur visage. (…) Les victimes ont senti qu’elles avaient le contrôle de ce qu’elles racontaient (…) avec toutes leurs émotions“, rapporte le journaliste.
Rappelons qu’en 2013, le National Crime Records Bureau a recensé 23.924 abus sexuels en Inde, soit un viol perpétré toutes les 20 minutes – et les chiffres ont malheureusement tendance à stagner. En plus de donner la parole aux victimes, l’utilisation des filtres Snapchat est un excellent moyen de sensibiliser les jeunes (et les moins jeunes) à la cause des femmes. Reste à savoir si cette méthode parviendra vraiment à faire bouger les mentalités.