Après 7 mois de suspension, le gouvernement nigérian autorise de nouveau le téléchargement et l’utilisation de Twitter sur son territoire. Le pays accusait le réseau social d’entreprendre une « mission secrète » contre ce dernier et avait alors interdit l’accès à la plateforme.
Retour sur une « mission secrète »
Début juin 2021 la capitale du Nigeria, Abuja, avait annoncé la suspension de Twitter pour une durée indéterminée suite aux accusations portées par le gouvernement à l’encontre de l’oiseau bleu. En effet, le pays accusait le réseau social de « mission suspecte » contre le gouvernement nigérian et de tolérer sur sa toile des messages du chef d’un groupe séparatiste incitant à la violence dans le sud-est du pays. Le président Muhammadu Buhari avait alors menacé de « traiter avec un langage qu’ils comprennent » les responsables des conflits présents dans le sud-est du Nigeria. Le tweet du chef de l’État avait par la suite été supprimé par la plateforme, suscitant 2 jours plus tard la suspension de Twitter sur le territoire. Le gouvernement avait également demandé aux médias audiovisuels du pays de supprimer leur compte dans un geste patriotique. Et au contraire, cette suspension a suscité un mouvement de contestation dans ce pays ultra connecté. On note qu’au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, 75% des 210 millions d’habitants ont moins de 24 ans et environ 20% de la population dit avoir un compte Twitter, soit 40 millions de personnes.
Une population engagée
Au cours des dernières années, Twitter jouait un rôle important dans le débat public et faisait l’objet de dénonciation au Nigeria à travers divers hashtag. Par exemple, #BringBackOurGirls est devenu virale en 2014 lorsque 276 écolières avaient été enlevé par le groupe djihadiste Boko Haram. Mais encore le mouvement #EndSARS qui dénonçait en 2020 les violences policières. C’est pourquoi, à la suite de cette suspension, les utilisateurs nigérians avaient tenté de contourner l’interdiction en téléchargeant un grand nombre de VPN permettant l’accès à Twitter dans le monde entier. Le gouvernement Nigérian, forcé de constater l’impact des réseaux sociaux et notamment de Twitter sur sa population a déclaré mercredi 12 janvier 2022 la levée de la suspension.
Dans un communiqué de presse, Kashifu Inuwa Abdullahi, directeur de l’Agence nationale pour le développement des technologies de l’information, déclare « Le président Muhammadu Buhari a approuvé la levée de la suspension de Twitter au Nigeria à partir de minuit aujourd’hui ». De son côté, Twitter s’est « également engagé à établir une entité légale au Nigeria durant le premier trimestre de 2022 ». Enfin, les autorités nigérianes ont ajouté « Compte tenu de l’influence de Twitter dans notre démocratie, notre économie […] notre priorité est d’adapter, et non pas d’interdire Twitter ».